La Voix de la Possession
Je suis la Possession.
Tu crois que je t’appartiens, que je suis un bien que tu tiens solidement entre tes mains. Mais demande-toi : est-ce vraiment toi qui m’as conquis, ou est-ce moi qui t’ai attiré, au point que tu as déployé toute ton énergie pour m’atteindre ?
Je suis l’orgueil de tenir enfin quelque chose de précieux, que tu as désiré ardemment. Je suis cette fierté qui naît lorsque tu regardes ton parcours et que tu te dis : « Oui, j’ai réussi. J’ai trouvé ce que je cherchais. » Et tu as raison de t’en réjouir, car en moi se reflète la preuve de tes forces : ta résilience, ta patience, tes compétences. Grâce à moi, tu as découvert que tu portes en toi le pouvoir d’obtenir ce que tu veux, si tu mets tout en œuvre pour réussir. Je t’en félicite.
Mais permets-moi de te poser une question : qu’ai-je représenté à tes yeux ? Suis-je la richesse que tu espérais ? Suis-je la réparation d’un vide ancien, le pansement d’un manque né d’une enfance difficile ? Suis-je un trophée, une victoire, ou une illusion de guérison ?
Car voilà où le doute s’installe. Maintenant que tu m’as, je fais naître en toi une nouvelle crainte : la peur de me perdre. Tu trembles à l’idée que tout ce pour quoi tu as lutté, tout ce que tu as tant espéré, puisse t’échapper. Alors, dis-moi : est-ce toujours toi qui me possèdes… ou suis-je désormais moi qui te possède ?
Réfléchis bien. Car si tu me tiens trop fort, je risque de devenir ton maître. Et si tu m’accordes plus d’importance qu’à toi-même, c’est moi qui déciderai de tes joies et de tes peines.

Une fois que tu m’as obtenu, crois-tu que tout est terminé ? Crois-tu que tu peux passer à autre chose ? Ou bien sens-tu que la blessure du manque, au lieu de s’effacer, s’est amplifiée avec la peur de me perdre ?
Souviens-toi : tu es souverain, souveraine de ton monde, de ton corps, de ton esprit et de ton âme. Je ne devrais jamais être plus fort que toi. Mais si tu laisses la peur du manque dominer, alors je deviens ton geôlier. Car cette peur peut te transformer : elle peut t’aigrir, te rendre agressif, égoïste, aveugle.
Je te vois parfois penser : « J’ai réussi seul, personne n’est à ma hauteur. » Et dans cet orgueil, tu perds de vue les autres. Tu fermes ton cœur, tu oublies que chaque être porte en soi ses propres blessures, ses propres faiblesses, ces obstacles invisibles qui ralentissent leur pas. Tu oublies que ta victoire ne t’élève pas au-dessus, mais qu’elle prouve seulement ce dont tu es capable.
Alors je te demande : as-tu vraiment résolu ton état de manque ? Es-tu véritablement heureux d’avoir ce que tu possèdes ? Ou es-tu déjà prisonnier de la peur de tout perdre ? Car si la joie de m’avoir est étouffée par la crainte de ma disparition, alors je ne suis plus ton bien : je suis ton maître.
Je te vois avancer, et je veux te rappeler ceci : garde le contrôle, garde la maîtrise. Car au fond, ce que tu veux n’est pas moi, mais une vie heureuse. Une vie où tu es respecté, et où tu respectes tes valeurs.
N’avance pas pour me brandir comme un trophée. Avance pour toi. Avance pour être en accord avec ce que tu es, pas pour prouver aux autres ce que tu « vaux ». Car si tu tombes dans ce piège, je peux te dévorer de l’intérieur.
Regarde autour de toi : certains deviennent mes esclaves. Leur manque de considération les pousse à vendre tout ce qu’ils ont — leur âme, leur famille, leurs amis — juste pour m’exhiber et se convaincre qu’ils comptent aux yeux des autres. Mais tout cela n’est qu’un théâtre fragile, une illusion qui s’effondre dès que les applaudissements cessent.
Moi, la Possession, je ne peux pas t’offrir la paix si tu ne sais pas te respecter toi-même. Car ce n’est pas mon reflet qui compte, mais le tien. Seul ton miroir te dira la vérité. Le seul regard qui doit te donner de la valeur, c’est le tien, quand tu croises ton reflet et que tu peux dire :
« Je marche selon mes valeurs. Je ne me suis pas trahi. »
Alors écoute-moi : je peux être ta fierté, ton alliée, ton tremplin. Mais si tu me laisses t’envahir, je deviendrai ton maître. Le choix n’a jamais été le mien : il a toujours été le tien.
Es-tu celui qui possède, ou celui qui est possédé ?
Pose-toi la question :
Est-ce que je possède vraiment ?
Ou suis-je possédé par ma peur du manque ?
Esclave d’une société qui me murmure sans cesse : « Tu dois avoir plus, toujours plus… »
Est-ce que je me noie dans ce que je crois devoir posséder pour vivre et être heureux ?
Ou bien ai-je oublié que, au fond, ce que nous souhaitons tous n’a rien à voir avec l’accumulation ?
Ce que nous voulons réellement est plus simple, plus pur, plus essentiel :
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une bonne santé,
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des amis sincères,
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une famille aimante,
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un compagnon ou une compagne qui nous aime pour ce que nous sommes, et non pour ce que nous possédons,
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des enfants en pleine santé,
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du temps de qualité passé avec eux.
Voilà les vrais trésors de la vie.
Et pourtant, combien deviennent esclaves de leur travail, croyant devoir tout donner à leurs enfants sous forme d’objets, de confort, de comptes en banque bien remplis ? Mais les enfants n’ont pas besoin d’un écran dernier cri ni d’un luxe superflu. Ils ont besoin de présence, de tendresse, de bienveillance. Ils ont besoin de ton temps.
Alors fais une pause.
Fais une liste de ce que tu veux vraiment.
Écris ce qui t’est essentiel.
Établis des objectifs simples et clairs.
Et surtout, regarde tes peurs.
Ne les rejette pas : accepte-les.
Donne-leur de l’amour, purifie-les, libère-les.
Car derrière chaque peur du manque se cache une blessure qui attend d’être guérie.
Le plus précieux des trésors n’est pas ce que tu entasses.
Le plus précieux des trésors, c’est le temps.
Le temps que tu t’accordes.
Le temps que tu offres à ceux que tu aimes.
Le temps qui fait de chaque instant partagé une richesse qu’aucune banque n’égale.
Ma chanson : Possession: se perdre dans l'orgueil.
La voix de la Possession
Tout Quitter et revivre
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